voici mon récit du trail de la sainte victoire, fait en avril 2009, après avoir repris l'entrainement depuis peu, je finirai en 7h40, pas trop frais, mon classement est anecdotique,mais que c'était beau, une envie de revenir ..
Le trail de la Sainte victoire. Déjà accoler ces deux mots relève de l'attelage, figure de style consistant à accoler un mot concret à un mot abstrait. Trail mot qui évoque la boue, la sueur la souffrance. Victoire mot abstrait allégorique..
Ce matin la sainte victoire est là tel un fier vaisseau de pierre qui fend la brume, presque éternelle, comme l'ont vu Cézanne et tant d'autres. Un ilot de nature au milieu de la jungle des routes et de l'entrelacs des bretelles d'accès aux autoroutes. Dans cette région hyper urbanisée qui va de Marseille à Toulon, c'est un ilot en sursis j'espère à durée indéterminée.
Le coup de sifflet du départ me tire de ma rêverie. Je dois faire avec mon corps. Je me place dans les 100 derniers. Départ tranquille. Ça démarre en cote et en trombe par une boucle autour du village de ROUSSET et c'est véritablement parti. J'ai franchi le rubicon . Les premiers sont déjà loin. Pour tenir 10 kms/h de moyenne sur ce parcours il faut tirer à 17/ 18kms / h sur les portions "roulantes" .
e sentier se déroule paisiblement à travers vignes. Presque une vision de Normandie. Déjà quelques ralentissements au deuxième kilomètre alors que l'on passe sous un pont. Ici le chemin est assez roulant et monte en faux plat. on peut donc tenir un 10 km/h tranquille.
On s'approche doucement de la muraille . C'est d'abord le pas de magnan à 460 m d'altitude. La piste et le chemin laissent tout loisir pour admirer le paysage mais déjà certains se déchainent .
Le chemin se dirige ensuite vers le collet blanc de suberoque à 520 m d'altitude puis prend un virage à 90°. C'est un belvédère sur la sainte Victoire. Le soleil commence à chauffer impitoyable. Tous les espoirs d'une journée fraîche disparaissent.
Entre la végétation rase on entend les souffles des coureurs . Il est possible d'être seul et je recherche la solitude pour mieux me fondre avec le paysage
Le grand vaisseau de pierre s'arcboute et nous voila au pied du mur dans tous les sens du terme . Voici donc enfin le fameux pas du clapier plus de 200 m de semi escalade avec un départ à 736 m d'altitude pour atteindre presque 1000 m d'altitude.
Un mince filet de sentier serpente entre les éboulis. Il faut sauter de pierres en pierres. C'est ludique ça me rappelle mes vacances à la plage ou je sautais de pierres en pierres sur les jetées.
Une fois atteint le lieu le prieuré, ou se massent curieux et amis, le tracé redescend sur vauvenargues par le chemin des venturiers. C'est 600 m de d- d'un seul coup sans arrêt. D'abord un chemin raide dans la pierraille croulante et ensuite une piste très raide, bétonnée par endroits. Casse pattes à souhait. Descente à 10 kms/h. Les cuisses sont en fusion. A ce stade ça va encore pour moi.
Une fois dans la vallée suit alors la longue remontée vers la crête et le pic des mouches . A ce moment lors d'une petite descente je ressens une crampe à la cuisse gauche. Heureusement fait suite de la montée qui me repose un peu. Je suis encore bien et monte à mon rythme soit entre 4 et 5km/h. Je n'aurai plus aucune crampe par la suite. Peu à peu je remonte du monde. De temps en temps je me retourne pour regarder le paysage qui s'élargit de plus en plus. Vers 500 m d'altitude on atteint le sentier dit des plaideurs qui monte enfin . Nous croisons de nombreux randonneurs qui s'écartent gentiment pour nous laisser passer tout en nous encourageant.
La descente sur Pyloubier se passe en pleine canicule. Après l'oratoire de malivert, à 776 m d'altitude, pas un souffle d'air. Je dépasse pas mal de coureurs qui marchent en proie aux crampes.
Je reste quelques minutes avec l'un d'eux. Nous ne parlons pas trop. Il s'excuse presque de son manque de conversation. De toutes façons je commence déjà à être trop fatigué pour être ouvert au monde extérieur.
J'arrive enfin à la salle des fêtes de Rousset. mélange de satisfaction d'en terminer avec un tel entrainement, frustration d'avoir été précédé par tant de coureurs, dont pourtant une bonne vingtaine sont dans les meilleurs traileurs, sentiment de solitude choisie et détestée en même temps.